Par Marc Engelhard

De mémoire de Mègevans, on n’avait rarement vu l’église Saint Jean-Baptiste aussi remplie et recueillie, en cette matinée du mercredi 4 mars 2020.

Les amis et les proches d’Edith Allard ne seront pas étonnés d’apprendre qu’il faut remonter aux funérailles d’Emile Allais (le 23 octobre 2012) et du maire Gérard Morand (le 26 décembre 2014) pour constater pareille affluence. Bien avant le début de la cérémonie programmée à 10h, les 1000 places assises avaient trouvé preneurs, et ce sont près d’une centaine de personnes qui sont restées debout à l’arrière de la nef. L’adjointe en charge du patrimoine était en quelque sorte en terrain conquis dans cette magnifique église dont elle a supervisé la restauration du clocher et de la toiture, comme l’a rappelé Catherine Jullien-Brèches dans son hommage.

« Nous avons perdu une part de nous-même » a déclaré la maire de Megève, très affectée par la disparition le jeudi 27 février 2020 de celle qui « pendant les 19 ans de mandat passés côte à côte, était devenue une amie chère » avant de saluer « une grande dame à la personnalité attachante et une femme de cœur très impliquée dans la vie de sa commune ».

« Tu resteras notre éternelle étoile et Megève gardera la mémoire de ton engagement ! »

Des mots corroborés par son parcours altruiste. Agée de 54 ans, Edith s’était glissée dans les pas de son père René Allard, élu puis adjoint à la mairie de Megève dès 1965. Très vite, la jeune femme avait fait du don de soi et du dévouement aux autres une vie à part entière. « Elle avait fait le choix de se dédier à 100% à son mandat actuel » rappelle Fabienne Cordet-Evrard, interrogée par Megève people. Outre sa délégation au patrimoine, cette férue de culture a piloté la création du nouvel espace culturel du Palais, qui accueille actuellement l’exposition Cocteau-Jean Marais.

De sa vie de femme, on retiendra les mots de ses nièces évoquant son penchant pour la vie sous toutes ses formes et pour la littérature. On l’imagine s’évadant dans un bon livre, son chat squattant la meilleure place sur ses genoux. « Elle aime œuvrer pour le bien commun, elle aime l’amitié et elle aime Jésus ». Impossible en effet d’évoquer la vie d’Edith sans passer par la case Foi qu’elle avait chevillée au corps. Membre de la communauté évangélique de Cluses, qui rassemble une centaine d’âmes autour du pasteur Etienne Leroi, Edith vivait l’évangile au quotidien.

« Jésus était en elle. Elle est maintenant en Jésus »

La lecture de l’épitre de Saint Paul aux Corinthiens, sonne comme une évidence : « tu es tout entière dans ces paroles » assure Cécilia en égrenant : « L’amour prend patience, l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ». Et le pasteur de confirmer ce que l’assistance savait déjà depuis longtemps : « Edith est une femme discrète, humble et sans jugement. » Traversant les vitraux, un rayon de soleil vient caresser les visages graves, alors que l’homme de Dieu conclut : « Nous avons pu voir sur son visage, avant son départ, qu’elle était en paix »

A l’issue de la cérémonie, Edith traverse une dernière fois ce village qu’elle chérissait tant. Précédée de l’Harmonie de Megève, le cortège funéraire rejoint le cimetière où Edith repose désormais au côté de son père René et de sa sœur Laurence dans le caveau familial. Puis le verre de l’amitié fut servi au Palais.