Nul n’est prophète dans son pays. Le palais des sports de Megève sera applaudi dans… 20 ans, quand l’or blanc aura disparu ! – Photo MP
Par Alexandre Graton
On s’en doutait un peu, madame le maire l’a confirmé en conseil municipal, à mots à peine couverts. Le palais des sports lui donne, certains soirs blafards, des sueurs teintées d’angoisse et des envies de réécrire l’histoire.
Lorsque des invités d’autres stations s’ébaubissent devant le bijou en réfection, elle se mord la lèvre : « C’est la face immergée, mais derrière, on se dit parfois qu’on préférerait s’en débarrasser ! » Quand l’avalanche de plaques d’avenants vient s’échouer au pied de la mairie, elle se mord les doigts : de n’avoir pas stoppé les dégâts plus tôt, ou peu s’en faut. C’est l’opposant Denis Worms qui s’est improvisé sans le vouloir accoucheur des divans mègevans. Si le trône avait été fait sien il y a deux ans et demi, le Chappier des cîmes aurait tout stoppé illico, et remis la chose à plat. Tant pis pour les 7,5 millions de pénalité, tant pis pour les 12 millions de réfection obligatoires.
L’écrin croque 6 200 euros par jour en fonctionnement en ce moment…
Plutôt de la gabegie que cette funeste litanie ! Catherine Jullien-Brèches le rejoindrait donc presque: « Un dilemme. On aurait peut-être dû (ndlr : stopper et remettre à plat), quand je m’aperçois des problèmes au fil du temps… Comment rentabiliser ça ? Je me fais beaucoup de souci ». Il faut dire que la dernière livraison de vilenies a de quoi faire pâlir : une tranche conditionnelle de chantier a dû être affermie pour 370 000 euros sous le conseil amical mais ferme des pompiers : le lot, pourtant optionnel, concernait « la mise en conformité des circulations existantes ». Dans l’autre sens, Megève se doit d’annuler des tranches conditionnelles et relancer des consultations : la Ville veut inverser l’emplacement du gymnase et du tennis avec la salle des congrès pour des soucis de cohérence des flux de visiteurs. En passant, ladite commune, qui a viré son assistant maîtrise d’ouvrage, devra demander une dérogation au préfet pour ses dépassements d’enveloppe budgétaire. En attendant de récupérer, sur tapis vert juridique, ses mises engagées dans de multiples recours. Dans… longtemps.