L’allocution télévisée de Jean Castex, ce jeudi soir, a fait fondre les espoirs des professionnels de la montagne qui espéraient sauver leur saison, leurs emplois et leurs entreprises. L’agence Savoie Mont Blanc mesure les conséquences dramatiques de cette fermeture prolongée des remontées mécaniques.
Déjà sacrifiés pour Noël avec une fréquentation ayant dévissé de 72% et des pertes colossales estimées à 1,7 milliard d’euros, les 112 stations de Savoie et Haute-Savoie attendaient désespérément d’être fixées sur la date d’ouverture, initialement projetée au 7 janvier 2021. Ayant fait fi de cette promesse, malgré les engagements réitérés des professionnels des sports d’hiver à garantir des conditions sanitaires d’accueil les plus poussées, les dernières déclarations du Premier ministre ont été décevantes s’agissant des perspectives données à la montagne. En n’ayant donné aucune date pour le top départ et avec un énième cap décisionnel repoussé au 20 janvier, soit 2 semaines seulement avant les vacances de février, une situation qui fragilise un peu plus encore la saison risquant d’hypothéquer à terme la survie des stations. De reports en reports, d’espoirs en désillusions.
Si le montagnard a la réputation d’être résilient et combatif, il n’aura pas résisté à l’effet yoyo des décisions gouvernementales soufflant le chaud et le froid.
Le 24 novembre, il semblait impossible pour le Président de la République « d’envisager une ouverture pour les fêtes et bien préférable d’envisager une réouverture courant janvier dans de bonnes conditions ». Deux jours plus tard, le 26, le Premier ministre confirmait cette impossibilité tout en vantant la possibilité de « profiter du grand air » de la montagne. Déterminés à faire entendre leurs voix, les acteurs de tous les massifs français, déposaient un référé liberté le 3 décembre devant le Conseil d’État qui rendra une décision négative le 11 décembre. Ce même jour, Jean Castex évoquait une date de réouverture au 7 janvier, dont on apprend seulement la veille qu’elle ne pourra être tenue.
Aujourd’hui, à moins d’un mois des vacances de février qui pèsent 35 % de la saison en Savoie Mont Blanc, le gouvernement ne s’est engagé à donner aucune perspective plongeant ainsi les vacanciers dans un flou aux conséquences désastreuses avec des risques d’annulations et de reports de séjours sur des destination concurrentes. 1,7 milliard d’euros déjà perdus… Avec des stations ayant tourné au ralenti pour les vacances de Noël – une baisse de fréquentation allant jusqu’à 80 % selon les sites et un mois de Janvier déserté (27 % de taux d’occupation en moyenne, soit – 58 %), les effets sont cataclysmiques pour l’économie de la montagne et en particulier en Savoie Mont Blanc où le tourisme représente 50 % et 30 % des PIB respectifs de la Savoie et de la Haute-Savoie.
À ce stade, ce sont 1,7 milliard d’euros qui sont déjà perdus et plus de 5,8 milliards d’euros qui pourraient l’être dans l’hypothèse –menace toujours présente- d’une saison blanche.
Détresse psychologique de plus en plus aigüe. Au-delà des difficultés financières auxquelles ils doivent faire face, les acteurs de la montagne, permanents comme saisonniers, sont aujourd’hui psychologiquement fragilisés faute de pouvoir exercer leurs métiers. Une situation rendue plus anxiogène encore si aucune décision favorable du gouvernement n’est donnée dans les meilleurs délais, afin de pouvoir a minima tenter de sauver les vacances de février. Fermetures des remontées, l’exception française injuste et injustifiée Si l’Allemagne conserve ses domaines fermés, on compte en Europe plus de pays où les remontées mécaniques fonctionnent, comme la Suisse ou l’Espagne.
D’autres ont trouvé un compromis avec une ouverture aux skieurs domestiques, à l’instar de l’Autriche depuis le 24 décembre ou de la principauté d’Andorre, depuis le 2 janvier.
Même l’Italie avance la date du 18 janvier. Seule la France fait figure d’exception en refusant d’entendre une montagne en grande souffrance et en privant de ski pour ces semaines de janvier particulières une clientèle majoritairement locale et souvent excursionniste, donc sans risque de concentration exagérée. Toute l’économie régionale durablement impactée. Avec près de la moitié de la richesse touristique de la région Auvergne Rhône-Alpes dégagée par les seuls territoires de Savoie Mont Blanc (46%), c’est tout l’équilibre du ruissellement de l’activité des sports d’hiver qui est en train de s’écrouler et ce, de manière durable, avec l’ensemble des secteurs économiques qui ne sont ainsi plus irrigués et dont la compensation par les aides doit être encore significativement améliorée.
REPÈRES
La destination Savoie Mont Blanc, c’est :
112 stations de Savoie et Haute Savoie
5,8 milliards d’euros de retombées économiques générées par l’activité ski*
1,4 million de lits touristiques
41,1 millions de nuitées (hiver 2018-2019) 33,8 millions de journées-skieurs alpins
Source : Observatoire de l’Agence Savoie Mont Blanc